L’exercice de style qui consiste à reconstituer, puis à imaginer un hors champ sur 13 tableaux de Hopper est intéressant…la comparaison entre peinture originale et reconstitution cinématographique, montre à quel point l’équipe du film a travaillé la lumière, le cadrage, les décors, costumes et maquillage.
Après…après, reste ce qui va autour…l’auteur a imaginé un scénario sans grand rapport avec Hopper, un scénario sans grande consistance ou bien alors, beaucoup, mais beaucoup trop intello auquel on a du mal à s'accrocher : une femme de gauche, libérée, Shirley, que l’on voit sur les tableaux, nous propose à partir de son implication au Living Theater (le théâtre expérimental new yorkais des années 50, engagé contre la guerre du Viet Nam qui aimait faire réfléchir, voire faire participer le spectateur, mélangeant fiction et réalité) de revivre 30 années de transformation de la vie américaine, avec le Maccartisme, Martin Luther King et son combat pour la paix et contre le racisme, le Ku Klux Klan, etc…à travers des évocations sonores d’actualité…j’avoue que la bande son est riche : des accords de Coltrane qui trainent sur une ombre portée, les rêves d’émigration vers l’Europe (on se croirait dans un roman de James Salter) avec des extraits de film français, « We shall overcome » par Joan Baez, l’hymne des années 60, chanté dans les manifestations pour les droits civiques aux Etats Unis, etc.….sans oublier les sons d'ambiance : tramways, klaxons d'époque...
Bref, c’est un sacré potage que nous offre Gustav Deutch, une soupe que nos critiques ne semble pas avoir beaucoup appréciée….pourtant, je ne suis pas indifférent, j’avoue que mon esprit s’est souvent laissé prendre et je n’ai pas vu le temps passer, alors que tout est lent de chez lent…un miracle peut être…